Les découvertes de laboratoire ont une chance sur 10 000 d’aboutir à des médicaments
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Les scientifiques ont une chance sur 10 000 que leurs recherches en laboratoire conduisent à la mise au point de médicaments, d’après le Dr Daniel Drucker, l’endocrinologue canadien dont les travaux sur les peptides de type glucagon sont à l’origine de médicaments comme Ozempic et Wegovy.
Pour mettre les choses en perspective, une telle prouesse est comparable à celle de devenir joueur de hockey professionnel ou auteur à succès. Autrement dit, vous avez plus de chances d’arriver à courir un marathon, après un entraînement suffisant, qu’un scientifique n’en a de voir ses recherches aboutir à un médicament approuvé. Imaginez donc l’excitation qu’a ressentie le Dr Drucker en réalisant que ses travaux avaient non seulement contribué à la mise au point d’Ozempic, mais qu’ils mèneraient aussi peut-être à d’autres médicaments pour différentes maladies affectant d’autres parties du corps.
Le Dr Drucker et son équipe reçoivent actuellement une subvention des IRSC pour étudier le rôle des peptides de type glucagon (p. ex. GLP-1) dans le contrôle des cardiopathies et des maladies hépatiques. « Je ne suis pas du genre à m’emballer, mais je pense que l’utilité clinique de ces analogues du GLP-1 a dépassé toutes les attentes; beaucoup des résultats largement bénéfiques que nous observons chez des gens aujourd’hui avaient déjà été prédits par des découvertes scientifiques fondamentales en laboratoire et par plus d’une décennie d’essais cliniques. »
C’est en 1984 que le Dr Drucker s’est lancé à la recherche d’une hormone stimulant la sécrétion d’insuline et pouvant être utilisée dans le traitement du diabète de type 2. Douze ans plus tard, grâce à des recherches financées par les IRSC, il a publié les premiers résultats suggérant que le GLP-1 permet de réduire l’apport alimentaire en interagissant avec le cerveau pour calmer l’appétit et induire la satiété. En 2014, le premier analogue du GLP-1 a été approuvé pour le traitement de l’obésité. Depuis lors, le Dr Drucker a découvert quantité d’autres applications du GLP-1 visant différentes parties de l’organisme.
Des études réalisées dans le laboratoire du Dr Drucker ont révélé que si une souris faisait une crise cardiaque, le GLP-1 pouvait en réduire la gravité et contribuer à améliorer la santé de l’animal. « Les études que nous avons menées sur des animaux nous ont permis de démontrer que le GLP-1 protège le cœur, réduit l’athérosclérose, protège la fonction rénale et améliore la santé du foie », explique le Dr Drucker.
En novembre 2024, un agoniste des récepteurs du GLP-1, un médicament qui imite l’effet de l’hormone GLP-1, a été approuvé par Santé Canada pour le traitement des maladies cardiovasculaires chez les personnes en surpoids. Des études sur les agonistes des récepteurs du GLP-1 ont également donné des résultats prometteurs dans le traitement de l’apnée du sommeil et de la dépendance. Des études en cours examinent leurs effets sur le cancer, la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson en raison de leur capacité potentielle à réduire l’inflammation locale et systémique dans l’organisme.
Si le Dr Drucker n’a pas tiré de profits financiers des médicaments (Ozempic et Wegovy) qu’il a contribué à mettre au point par ses travaux, il n’en estime pas moins que ses recherches ont été couronnées de succès. « Pour avoir du succès en recherche, on doit poser d’excellentes questions, puis réaliser des expériences de grande qualité qui fourniront des réponses rigoureuses, irréfutables. » Il ajoute que les travaux sur le fonctionnement de l’organisme que mènent son équipe et lui dans leur laboratoire contribueront à augmenter l’efficacité de la prochaine génération de médicaments et aideront les médecins à utiliser les médicaments existants de façon plus judicieuse et éclairée.
En bref
L'enjeu
Au Canada, 30 % de la population est atteinte de diabète ou de prédiabète, c’est-à-dire que leur glycémie est trop élevée. Un excès de glucose dans le sang peut causer d’autres problèmes de santé comme des cardiopathies et des maladies rénales.
En date de 2023, un Canadien sur trois était atteint d’obésité, une des principales causes du diabète de type 2, des cardiopathies, des accidents vasculaires cérébraux (AVC), de la stéatose hépatique, des maladies rénales, de l’arthrite et du cancer.
La recherche
Le Dr Daniel Drucker et son équipe de l’Institut de recherche Lunenfeld-Tanenbaum de Toronto étudient la façon dont le peptide-1 de type glucagon (GLP-1), une hormone qui aide à réguler la glycémie et d’autres fonctions biologiques, réduit l’inflammation et contribue à la santé des vaisseaux sanguins, du foie et des reins. Tous ces organes sont affectés par le diabète de type 2 et l’obésité.
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